Sceno-graphies Photographies de Paul Sika : Le cinéma par la photographie

26 photos (3 light box et 23 papiers brillants 190g dont 10 sur cadre à tendeurs) sont exposées à la galerie Le Lab d’Abidjan II Plateaux depuis le mercredi 12 et ce jusqu’au 30 novembre 2008. L’Ivoirien Paul Sika en est l’auteur. Tout commence par une idée qu’il développe en scénario. Ensuite un casting, des répétitions avec des acteurs suivies d'une mise en scène et c’est le shooting (prise de vue) avec l’appareil photo numérique puis la manipulation de l’image au laboratoire ponctuée par une accentuation des couleurs de base. A l'instar d'un peintre, il recherche devant son ordinateur, une harmonie dans les formes et les couleurs, ces dernières servant l’effet.
« Fou du cinéma » et nourrissant le rêve de faire des films, Paul Sika pour l’instant, semble trouver un lot de consolation avec le cinéma sur photographie ou photomaking (le filmmaking sur 1 image). Ces œuvres sont le témoignage de la construction domptée de l’image par l’outil informatique.
Il emprunte au cinéma et au théâtre la mise en scène, le script, la gestion des acteurs… C’est l’art du design de la scène axé sur les objets, les environnements. Il crée une scène vivante à travers ses photographies. « Cette photographie « mise en scène » ou photo de récit dite encore photographie érudite donne à voir plusieurs histoires au sein d’une image unique, remplie d’informations » affirme Thierry FIEUX, commissaire de l’exposition. Ce sont des séries aux thématiques variées (sociales, politiques, religieuses, culturelles) qu’il est donné au spectateur de voir. « Faro Fashion », « Gloglo Gospel », « Asana Diallo », « Asita », « Charbon fire ». Mais « chaque photographie est autonome, comme un tableau ou un film » ajoute Thierry FIEUX. Les manipulations numériques des photos de Paul Sika sont à la limite de la réalité et de la fiction. D’où l’ambiguïté pour le visiteur spectateur d’appréhender l’œuvre.
Réaliser à travers la photographie statique la photographie mobile appelée cinématographie, tel est le champ d’expérimentation de ce spécialiste de l’ingénierie de logiciels. « Les couleurs, la lumière, la direction artistique, l’atmosphère sur scène, le bruit que fait l’obturateur, les photos imprévues, les opportunités imprévues, la possibilité de geler une scène à vie, la réalisation du fait qu’aucune image est impossible à créer, tout çà contribua à mon amour grandissant pour la photographie » avoue-t-il dans l’interview réalisé par Olympus User magazine en 2007.
« Par cette façon d’exprimer ses photographies, ce jeune de 24 ans dont c’est la première exposition, invite le spectateur dans des champs psychologiques et interprétationnels où fusionnent visions individuelle et collective » indique le critique d’art Henri N’Koumo.

Francis Yedan